• Renoir de Gilles Bourdos

     

    En 1915, Auguste Renoir (Michel Bouquet) est à Cagnes-sur-mer où il passe les dernières années de sa vie dans son domaine des Colettes. Perclus de rhumatismes déformants, il peint malgré la maladie, au milieu d'un groupe de bonnes et de cuisinières aux petits soins. C'est à cette époque qu'il rencontre son dernier modèle, Andrée Hessling (Christa Theret), surnommée Dédée. Blessé de guerre, son fils Jean (Vincent Rottiers) vient passer sa convalescence dans le domaine de son père.

    Dans un décor lumineux à la végétation luxuriante, Gilles Bourdos met en scène les derniers jours du peintre avec délicatesse. Une lumière rasante de fin d'été coule dans un champs d'oliviers. Un vieil homme, courbé, pose des touches légères sur une toile. Devant lui, une femme nue, le bassin recouvert d'un drap blanc, offre son corps doré au regard du peintre. Il y a là tout ce qui a fait la signature de Renoir : la lumière, la couleur, la chair. Cette chair dont il n'a pu se passer même dans ses dernières années, allant jusqu'à s'entourer d'un harem. Ses femmes sont ses domestiques. Mais elles ont pris le rôle de mère, de sœur, parfois d'amante. Elles évoluent autour du peintre dans une joie gracieuse, allégeant les scènes où elles soignent ses mains, abîmées par la maladie.

    C'est aussi l'histoire d'une double rencontre. Celle d'Auguste et de son ultime modèle, et surtout, celle de Jean et de sa première actrice. Lui, sans ambition, transparent comme l'eau dans le verre où son père trempe son pinceau. Elle, ambitieuse, flamboyante comme la peinture orange qui colore l'eau par un simple contact. Cette femme est le lien entre deux générations, témoin d'un talent qui s'éteint et inspiratrice d'une vocation artistique. Grâce à elle, Jean apprend à regarder à travers le travail de son père. Et c'est soudain le flou qui nous fait passer d'une toile à la vision du peintre. Les personnes deviennent des silhouettes de couleurs vives s'épanouissant dans un arrière-plan foisonnant de verdure. Les formes vibrent, incertaines et pourtant entières, vivantes. Nous sommes dans un tableau de Renoir.

     

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  • Commentaires

    1
    M. Courrandère
    Vendredi 25 Janvier 2013 à 21:33

    Un film d'une beauté sidérante, en effet. L'actrice de Dédée (Christa Théret) excelle dans ce magnifique rôle. Et Michel Bouquet parvient à rendre Auguste vraiment beau et attachant. Nous sommes dans un tableau, oh que oui ! :) 

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