• Le Géant égoïste de Clio Barnard

     

    Dans la banlieue de Bradford, au nord de l'Angleterre, Arbor (Conner Chapman) et Swifty (Shaun Thomas) sont exclus de l'école suite à une bagarre. Meilleurs amis, ils mettent à profit ce temps libre pour aider financièrement leur famille en ramenant des câbles à Kitten (Sean Gilder), le ferrailleur du coin. Si Swifty sait se satisfaire de l'essentiel, Arbor possède un plus grand appétit.

    Grand prix de la semaine de la critique durant la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes 2013, Le Géant égoïste est librement adapté de la nouvelle pour enfants d'Oscar Wild. Clio Barnard a dépouillé l'original de son univers magique pour nous plonger dans une fable réaliste et sensible. Une adaptation audacieuse soutenue par des acteurs remarquables par la justesse de leur jeu.

    Si de nombreuses critiques ont déjà mis à jour les influences de Ken Loach et Gus Van Sant, ce film m'a d'abord fait penser à Shane Meadows. Il me semble en effet que les décors et l'ambiance l'inscrivent directement dans la veine de This is England. La réalisatrice aborde ici un sujet peut-être moins politique que la montée du mouvement skin-head en Angleterre puisqu'elle ne s'attache pas aux raisons de la précarité des personnages mais aux moyens d'y survivre. Mais elle porte un regard similaire sur ces paysages abîmés par l'industrialisation et sur les habitants de ses régions figées dans le temps.

    Avec discrétion, nous suivons alors deux enfants qui réinventent l'art de la débrouille en allant jusqu'au bout de leurs idées. Tout les oppose pourtant: Arbor est un blondinet chétif, Swifty un brun taiseux. Quand le premier est violence et insolence, le second n'est que douceur et patience. Des amis pour la vie. Leur relation privilégiée va pourtant être mise à rude épreuve à cause d'un animal. Alors que Arbor considère les chevaux comme des outils de travail juste bons à traîner la ferraille qu'il récupère, Swifty se prend d'affection pour un trotteur qu'il entraîne au vu d'une course clandestine. Cette contradiction qui semble séparer les deux amis montre pourtant les deux visages de cette banlieue : la survie et le rêve. La réalisatrice dresse ainsi le portrait délicat de cette amitié sans renoncer au réalisme sociale.

     

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