• Elle s'en va d'Emmanuelle Bercot

     

    Abandonnée par l'homme qu'elle aime, épuisée par les problèmes financiers de son restaurant, Bettie (Catherine Deneuve) prend la route. À la recherche d'un bureau de tabac pour acheter des cigarettes, elle se perd. Commence alors un road-movie, solitaire d'abord, ponctué de rencontres impromptues, jusqu'à ce que Charly (Nemo Schiffman), son petit-fils de dix ans participe lui aussi à cette aventure.

    Admiratrice de Catherine Deneuve, il est difficile pour moi d'avouer que Elle s'en va est une escapade manquée de la réalisatrice Emmanuelle Bercot. On suit d'abord avec plaisir Bettie dans sa recherche de cigarettes durant laquelle elle rencontre un vieil agriculteur aux mains tremblantes. La caméra se pose longuement sur lui, donnant l'impression d'un documentaire. On parle de la pluie, du beau temps, des récoltes, de la vie... Malheureusement la réalisatrice abandonne vite cette mise en scène et tombe dans le cliché. Devant les hésitations esthétiques et les rencontres vides de sens, on traîne des pieds et bientôt, l'envie d'ouvrir la porte du véhicule pour se jeter dehors est bien trop grande. On se met à vouloir fuir la présence envahissante de l'héroïne. Au contraire du personnage de Fanny Ardant qui nous avait subjugués par sa lumineuse remise en question dans Les Beaux Jours de Marion Vernoux. Certes plus classique quant à la mise en scène, la narration avait su cependant nous transporter plus loin que Elle s'en va.

    Car Emmanuelle Bercot n'a pas su laisser respirer son film. Et le spectateur a l'impression de manger des kilomètres tant les plans en voiture sont nombreux. Quand enfin l'héroïne stoppe son périple dans un village isolé, il est trop tard. Fatigué du voyage, on ne cherche plus à comprendre et on se laisse simplement porter par les images, tel un auto-stoppeur poli écouterait le bavardage du conducteur.

     


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  • Grand Central de Rebecca Zlotowski

     

    La centrale nucléaire recrute. En manque d'argent, Gary (Tahar Rahim) se fait embaucher dans l'équipe de Gilles (Olivier Gourmet), un ancien qui le prend sous son aile. Le jeune homme découvre ainsi la vie qui s'est organisée autour de la centrale. Il fait bientôt la rencontre de Karole (Léa Seydoux), la future femme de son ami et collègue Toni (Denis Menochet).

    La maladresse dans la mise en place des sentiments des personnages donne à ce deuxième long-métrage de Rebecca Zlotowski trop de légèreté pour un sujet aussi grave. Une psychologie des protagonistes, principaux comme secondaires, plus fouillée nous aurait permis de nous identifier à l'un d'eux. Cette absence d'empathie nous rend indifférent à leur sort en dehors de la centrale.

    Car la seule tension de tout le film n'existe qu'au sein de ce complexe nucléaire qui semble fasciner le héros à la manière du vide, à la fois effrayant et attirant. Telle Karole, jeune femme séductrice et indécise qui l'empoisonne autant que les radiations de la centrale. La réalisatrice n'a pourtant pas su exploiter cette tension sexuelle qui aurait pu alimenter la métaphore entre l'adultère et le danger omniprésent au sein de la centrale.


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